Le MBA: la consécration des managers

  Publié le 28 Sep 2012 03:09

Faire un MBA, c’est s’assurer de réaliser un bon investissement, de se constituer un carnet d’adresses illustres. C’est aussi pouvoir changer de secteur ou de fonction, prendre de la hauteur et se forger une vision plus globale de l’entreprise afin de gagner en responsabilités, ainsi qu’un meilleur salaire.

Né aux USA dans les années 20, le MBA n’est toutefois pas une formation première. Il vient renforcer un parcours professionnel déjà bien accompli, et s’adresse à des cadres confirmés aspirant à de hautes fonctions managériales, principalement à l’échelle mondiale.

Une mise en situation immédiate

Au sein d’une classe d’une vingtaine d’élèves, les cours sont dispensés en anglais, alliant théorie et pratique. « Nous les mettons tout de suite en situation de prise de décision », explique le responsable du MBA d’HEC. « Les étudiants vont alors simuler une gestion d’entreprise, par groupe de quatre ou cinq. Ça plante le décor pour la suite du cursus, d’autant qu’on démarre très tôt le contact professionnel avec les sociétés. Pour la théorie, comme toutes les écoles, on inculque les fondamentaux en management, tels que la finance, le marketing, les RH, la gestion, la logistique, la comptabilité. »

Chacune de ces matières s’appuie sur des études de cas pratiques et d’expériences vécues par chaque étudiant en entreprise. Pour ceux qui veulent étoffer leurs savoirs dans un domaine précis, une pléthore d’options sont proposées selon les écoles. De plus, certains programmes peuvent être concoctés « à la carte », selon les desiderata de l’étudiant, ou de l’entreprise qui peut y envoyer son (ou ses) salarié(s).

Mais attention avant de choisir votre MBA, les programmes n’ayant pas tous les mêmes points forts. Et la réputation ne constitue pas un critère cardinal de décision. Aussi, l’implantation géographique de l’école importe parfois autant que les cours dispensés. « Ceux qui souhaitent profiter des opportunités du marché asiatique peuvent prendre le risque de faire un MBA moins connu à Pékin pour mieux comprendre les mécanismes de ce marché. Idem pour les Etats-Unis, où il est plus facile de s’y insérer après avoir décroché un diplôme américain », avertit Antoine, qui a suivi un MBA à l’université Chicago Booth. En outre, un MBA très internationalisé et réputé ne conviendra pas à un cadre souhaitant évoluer dans sa localité. Il privilégiera plutôt un programme régional, en prise avec les réalités locales.

Candidatures en MBA : les places sont chères…

Ingénieurs, juristes, médecins, militaires, cadres commerciaux… Les profils retenus viennent de tous azimuts. Et si les diplômés d’écoles de commerce sont nombreux à postuler, les scientifiques représentent la panacée des promotions. Ça se comprend: les maths appliquées à la gestion demeurent au cœur du MBA…
L’âge moyen ne dépasse pas les 35 ans. En général, un niveau Bac+4/5 est requis, ainsi qu’une expérience professionnelle de trois ans minimum. Mais un MBA se nourrit des échanges entre élèves, la diversité des profils reste donc la pierre angulaire des sélections.
« Le processus d’admission n’est pas vraiment un concours. On profile les gens, on prospecte, on choisit les profils. Si un candidat s’avère d’une très grande valeur, par son parcours professionnel et sa personnalité, notre règlement nous permet de le prendre, bien qu’il n’ait pas un bac+5. Une promotion, c’est un bouillon de culture, et nous ne voulons pas de clones ! », précise un reposnable de programme MBA. Avant d’ajouter : « Pour nous, l’ignorance est une opportunité pédagogique. Nous préférons prendre un sportif de haut niveau (et nous en avons), qui ne connaissent rien à la gestion, plutôt qu’un ‘érudit’ qui peut se dispenser de nous. Ce qui nous importe, c’est la motivation et le projet. Les connaissances, c’est à nous de les apporter. Mais les bases doivent quand même être là, ne serait-ce que pour réussir le Gmat. »

Le Gmat : à l’examen d’entrée, impossible d’y échapper. Le « Graduate management admission test » aborde les maths, le vocabulaire, l’analyse de texte, et s’il ne vérifie aucune compétence spécifique en affaires, il mesure le potentiel de raisonnement. Autre nécessité pour être accepté : maîtriser l’anglais parfaitement, les programmes étant la plupart du temps dispensés dans la langue de Shakespeare. Ainsi, les tests TOEFL et TOEIC sont un passage obligé. Et l’écrémage se poursuit par un entretien face à un jury, visant à déceler les qualités de manager du candidat… ainsi que la cohérence de son projet.

Financer son MBA

Sachez enfin que les profils internationaux sont très valorisés. Selon la formation et sa notoriété, les frais de scolarité varient entre 7 000 000 et 40 000 000 FCFA. Bien au-delà pour un cursus aux Etats-Unis… Heureusement, de nombreuses solutions de financement existent. Beaucoup de programmes proposent des bourses financées par les écoles ou les sociétés.

Sinon, si vous devez payer vous-même votre cursus, sollicitez votre banquier : il verra en vous un futur bon client et vous accordera des prêts à taux préférentiels. Certaines écoles sont même accointées à des banques pour des prêts sans caution, remboursables après un an d’activité. Mais vous pouvez toujours supplier votre patron, qui s’impliquera davantage si vous passez un MBA à temps partiel et si vous lui proposez de travailler sur un projet lié à une problématique de l’entreprise.

Salaire et carrière : débouché double

Evolution de carrière, changement d’orientation professionnelle, coup d’accélérateur sur le plan salarial font partie des motivations des candidats. Et pour ceux qui ont franchi le pas, le jeu en vaut la chandelle, avec souvent de fortes augmentations de salaire à la clé.
Le directeur du MBA d’HEC tient à préciser que « ce n’est pas le diplôme en lui-même qui garantit un meilleur revenu : il ouvre les portes d’une nouvelle carrière, d’un nouveau poste qui, peuvent mieux rémunérer ».

« Faire un MBA reste un accélérateur de carrière. S’inscrire dans un programme en temps de crise présente une incroyable opportunité, car la plupart des professeurs sont au premier plan, siégeant souvent au conseil des institutions financières et nous livrent un regard d’expert. Et puis, ce cursus ouvre la perspective d’entrer sur un marché en éveil, au début d’un cycle de croissance. Pour occuper une haute fonction à l’étranger, c’est devenu Le sésame », estime Ambre Delage, membre d’un cabinet d’avocats en commerce international en Amérique du Sud.

Pour que cette formation présente une vraie valeur ajoutée, il faut néanmoins présenter une expérience professionnelle, sur laquelle l’étudiant va capitaliser grâce à de nouvelles compétences.

Un jour, je serai patron

Changer de vie : voici le leitmotiv des candidats. Une enquête menée en 2009 par QS Top MBA, la société organisatrice du World MBA Tour, auprès des personnes inscrites à ses salons en témoigne : 27 % des candidats à un MBA s’imaginent entrepreneurs dans dix ans, devançant ceux qui visent un poste de directeur (23 %) ou de président d’un grand groupe (17 %). Pour les diplômés, ces postes sont à leurs portées. Si la finance et le conseil demeurent des secteurs privilégiés, le nombre de candidats intéressés par le secteur public ou les ONG ne cesse d’augmenter (6,4 % contre 3,8 % un an plus tôt).

Considéré comme atypique il y a quelques années, le secteur du « non-profit » (ex. : les organisations à but humanitaire) séduit de plus en plus. « C’est un secteur qui se professionnalise et qui a besoin de légitimité. Les participants sont de plus en plus sensibilisés : jadis ils voulaient gagner de l’argent, aujourd’hui ils le désirent autant, tout en changeant le monde ! La demande vient aussi des entreprises, où les responsabilités sociales et environnementales prennent de l’ampleur. Pour attirer les meilleurs diplômés, les recruteurs doivent présenter une politique crédible et élaborée sur le sujet. Les candidats ne sont pas dupes, et se soucient de plus en plus de l’éthique et de l’image. Bien sûr, tous aspirent à de plus hauts salaires, mais ils placent désormais le développement personnel en tête de leurs envies. »

Attention aux contrefaçons !

Il y a MBA… et MBA ! Ces trois lettres recouvrent des réalités bien différentes suivant les établissements qui les délivrent, tous les programmes ne se valent pas, d’autant qu’il n’est pas reconnu comme un diplôme d’Etat. Pis : ce label n’est pas protégé ! Conséquence : les programmes pullulent, le meilleur côtoyant l’inutile.

Pour trier le bon grain de l’ivraie, trois accréditations sont gage de qualité :
l’AACSB (Origine Etats-Unis),
EQUIS (Europe),
AMBA (Royaume-Uni).

Mais certains cursus non-accrédités sont de renom. Vérifiez donc la réputation de l’établissement, son réseau. Et s’il appartient à la Conférence des grandes écoles ou au Chapitre des grandes écoles de management, le sérieux est garantit.

En savoir plus: le diplôme MBA